Emission > Solénoïde - Spéciale STEPHAN MICUS - Partie 01


Cette semaine, Solénoïde va brosser pour vous le portrait de STEPHAN MICUS, un artiste hors-pair, un explorateur en quête d'accords instrumentaux et culturels inédits. Cette spéciale va vous éclairer sur la première partie de carrière de ce compositeur singulièrement discret en retraçant son parcours sur une période allant de 1976 à 2001, avec une sélection musicale représentative de son oeuvre, agrémentée de courts extraits d'interview.

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Playliste | Solénoïde - Spéciale STEPHAN MICUS 01


Playliste de l'émission :

"As I Crossed a Bridge of Dreams" - CD "Implosions" (ECM Records - 1976)

"Part 2" - CD "Wings Over Water" (ECM - 1982)

"Part 6" - CD "The Music of Stones" (ECM - 1989)

"Part 2" - CD "Darkness and Light" (ECM - 1990)

"Part 2" - CD "Athos" (ECM - 1994)

"Violeta" - CD "The Garden Of Mirrors" (ECM - 1997)

"Thirteen Eaggles" - CD "Desert Poems" (ECM - 2001)


Né en 1953, Stephan Micus, est de ces oiseaux migrateurs que seules les années 70 pouvaient engendrer. Dès l'adolescence, ce Bavarois sans histoire comprend que sa quête artistique et personnelle ne pourra s'accomplir qu'à travers la découverte et le voyage. Ainsi, à l'âge de 16 ans, il commence à parcourir le monde. Si sa première escapade marocaine s'avère déterminante, ce sont, un peu plus tard, ses séjours prolongés en Inde et au Japon qui lui permettront de parfaire sa formation musicale. Puis, au milieu des années 80, il s'installe aux Baléares où il demeure encore aujourd'hui. Au-delà de sa fascination pour l'Afrique, le Moyen Orient et l'Extrême Orient, Micus trouve ainsi dans la culture méditerranéenne une source d'inspiration et d'équilibre déterminante.

Après la sortie en 76 d'un premier opus - le collector "Archaic concert", Micus publie en 77 un second album, sa première perle discographique intitulée "Implosions". Evoquant sur un premier morceau long de 20 minutes un Nick Drake déambulant sur les bords du Gange, ce disque est une ôde douce à l'imaginaire nomade le plus mélancolique, une oeuvre subtilement métissée sur fond de cithare, oscillant entre instincts visionnaires et divagations utopistes. Dès lors et jusqu'à aujourd'hui, Micus consacre la majeure partie de son temps à la découverte d'instruments traditionnels, tant à vent qu'à cordes, et à la connaissance la plus précise possible des cultures dont ceux-ci sont issus. Qu'il les berce de sonorités folk aux accents celtiques ou qu'il les entoure d'un souffle spirituel venu d'Arabie ou de Perse, Micus égrène durant les années 80 de nombreux albums visionnaires. Cependant, l'intention de ce vagabond n'est pas de perpétuer au sens strict les traditions, mais de combiner ses instruments à forte identité de façon audacieuse et inédite.

Pour satisfaire ses instincts d'acousticien explorateur, Micus n'hésite pas à modifier des instruments. Ainsi pour l'album "East of the Night", publié en 1985, il fabrique spécialement deux guitares aux résonances proches de celles de la cithare. Sur "Darkness and Light" sorti en 90, on découvre le musicien anthropologue. le Bavarois utilise un ki-un-ki, instrument d'origine sibérienne qui, contrairement aux instruments à vent, est joué par inhalation. Mais cet album permet aussi de découvrir le dilruna, instrument à corde indien dépassant les potentialités d'un violon ou d'un violoncelle. Notre barde aime aussi capturer l'atmosphère de lieux hautement spirituels qui le fascinent, comme pour "The Music of Stones" (projet dédié à des sculptures de pierres résonantes) enregistré dans la cathédrale de Ulm. Il en va de même avec l'album "Athos", sorti en 94, inspiré quant à lui par la solennité d'un haut lieu de la religion orthodoxe. Il s'agit du Mont Athos situé en Grèce. Une semaine durant Micus a vécu au rythme des moines résidents, isolé dans ce cadre féerique typiquement méditerranéen. Une expérience exceptionnelle qui , sur le plan vocal, l'amène à gagner en gravité et en profondeur.

Reconnues pour leur accessibilité, les compositions de Stephan Micus possèdent une forte dimension contemplative et illustrative. Avec "The Garden of Mirrors", sorti en 97, Micus emmène l'auditeur plus loin encore dans son jardin de sons merveilleux, dans ses paysages sonores intérieurs. Il y échantillonne sa voix vingt fois et la fait sonner comme un choeur grégorien. Avec cet album aux couleurs de l'Orient et de l'Afrique profonde, jamais sa musique n'a semblé plus fraîche, ses mélodies plus entêtantes, ses atmosphères plus envoûtantes... Avec "Desert Poems", son album suivant sorti en 2001, Micus élargit toujours plus son horizon musical et son répertoire d'instruments. Ainsi joue-t-il ici de trois instruments africains: le doussn' gouni (une harpe d'Afrique de l'ouest), le kalimba (un piano à pouce tanzanien) et le dondon (un tambour parleur de Ghana). Pour la première fois, il propose un arrangement instrumental tiré d'un chant polyphonique grégorien du XIII° siècle mais il y chante également en anglais mariant de nombreux styles vocaux dont celui du théâtre no. D'apparence plus simple et plus austère que ses prédécesseurs, cet album s'apprécie tel un recueil de portraits musicaux traversés d'humeurs tour à tour méditatives, mélancoliques et extatiques.

Mais toute aussi passionnante est la suite de l'aventure discographique de Micus, une suite riche de 8 nouveaux albums couvrant une période allant de 2002 à 2017. C'est cette période émaillée de détours par l'Arménie , le Tadjikistan ou le Botswana, qui nous donnera l'occasion de faire un second focus sur ce poète et archéologue sonore.

Vous l'aurez compris, Micus est un enchanteur solitaire, un archéo-musicologue itinérant dont nous avons plus que jamais besoin! Dans un contexte de fort engouement pour les musiques métissées authentiques, on se prend à rêver d'un Micus apprécié à sa juste valeur qui, logiquement, toucherait le public de Dead Can Dance comme celui de Steve Roach ou de Jan Garbarek.


Liens :
ecmrecords.com/stephan-micus
stephanmicus.com
facebook.com/micusstephan

1 commentaire:

  1. Quelle joie sereine. Mes oreilles s'ouvraient aux mondes quand une émission de l'époque me cartographiait des portulans sonores, "Les Carnets d'émeraude" de Patrick Bauwens. Malgré l'exploration du catalogue d'ECM la disparition de l'émission me laissa dans un silence solitaire. Jusqu'à la découverte fortuite de votre Solénoïde radio digitale. L'Ouroboros s'arrondit : Je retrouve mes vibrations anciennes, étrangement intactes et renouvelées.

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